Beppe Grillo prédit l’effondrement total de l’Italie sous 6 mois
Le magazine hebdomadaire allemand Focus publie
aujourd'hui un entretien avec Beppe Grillo, le dirigeant italien du
"Mouvement Cinq Etoiles" (M5S), entretien qui a de fortes probabilités
de mettre le feu aux poudres dès lundi sur les marchés des changes.
L'homme qui a réuni 25,5% des suffrages lors des élections législatives
en Italie y déclare en effet que l'ensemble de l'Italie va s'effondrer
dans les 6 mois, que les partis politiques italiens classiques vont être
balayés devant l'impossibilité de payer les retraites et les salaires
des fonctionnaires, qu'il faut donc renégocier la dette publique
italienne en urgence, faute de quoi l'Italie devra sortir de l'euro et
revenir à la lire. Dans les 6 mois, donc.
Voici la traduction du résumé de l'article en ligne sur le site de Focus :
BEPPE GRILLO PRÉDIT L'EFFONDREMENT TOTAL DE L'ITALIE
Le vainqueur surprise de l'élection générale en Italie, Beppe Grillo,
estime que le système politique de son pays va s'effondrer cette année. « Je donne encore 6 mois aux vieux partis - et puis ce sera fini ici », a déclaré le comédien de premier plan. « Ensuite, ils ne pourront plus payer les retraites et les salaires des fonctionnaires du service public. »
Le fondateur du "Mouvement Cinq Etoiles" (M5S) appelle à donc à renégocier la dette publique italienne : « Nous
sommes écrasés non par l'euro, mais par la dette. Quand les intérêts
atteignent 100 milliards d'euros par an, on est mort. Il n'y a pas
d'alternative [à une renégociation de la dette] ». Beppe Grillon, 64 ans, compare les obligations de l'État aux actions d'une entreprise publique : « Si
j'ai acheté des actions dans une entreprise qui fait faillite, alors
j'ai de la malchance. J'ai pris un risque - et j'ai perdu. [...] Si les
conditions [de notre dette publique] ne sont pas modifiées, l'Italie
devra sortir de l'euro et revenir à la lire. »
« Ce n'est pour l'instant que la répétition générale »
Beppe Grillo est disposé à former une coalition, soit avec le Parti
Démocrate de gauche (PD) de Pier Luigi Bersani, soit avec le parti
conservateur de droite de Sivio Berlusconi. Mais à plusieurs
conditions : « Si le Parti démocrate de (Pier Luigi) Bersani et
le Peuple de la liberté (PDL) de Silvio Berlusconi proposent une
modification immédiate de la loi électorale, reviennent sur le
remboursement des dépenses électorales et fixent une limite de deux
mandats pour les députés, nous soutiendrons naturellement un tel
gouvernement, sans attendre. »
« Mais ils ne le feront pas. Ils bluffent pour seulement gagner du temps. »
Grillo est heureux que son parti n'ait pas fait un meilleur score à cette première élection.
« Nous aurions pu être un peu inquiets si nous avions obtenu la
majorité. Ce n'est pour l'instant que la répétition générale. »
Dans le corps de l'article, M. Grillo dit par ailleurs s'attendre à de
nouvelles élections parlementaires dans les six mois qui viennent,
élections qui seront remportées cette fois-ci, selon lui, par son
Mouvement 5 Étoiles.
EN ROUTE VERS UN NOUVEL OURAGAN MONÉTAIRE
Comme on l'imagine sans peine, ces déclarations fracassantes de
M. Beppe Grillo ne sont pas faites pour calmer le jeu après la situation
sortie des urnes en Italie.
Désormais, il ne s'agit plus seulement d'une instabilité politique. Il s'agit de la perspective d'un "effondrement total de l'Italie"
et d'une demande de renégociation de la dette publique italienne.
Laquelle dette publique italienne est actuellement estimée, au 1er mars
2013, aux environs de 2030 milliards d'euros. C'est-à-dire près de 6
fois le montant de la dette publique grecque...
Autant dire que les spéculations sur l'avenir de l'euro vont repartir de plus belle !
Déjà, le député allemand CDU (parti de Mme Merkel) Klaus-Peter Willsch a
appelé, hier 1er mars, à un retrait de l'Italie de l'euro.
Dans les colonnes du journal Handelsblatt, ce membre du Bundestag explique en effet : « Si
un pays n'arrive pas à convaincre une majorité de sa population de
respecter les engagements qu'il a pris lui-même pour que la monnaie
commune fonctionne, on ne peut pas lui demander depuis l'extérieur de
revoter, mais on doit le laisser revenir à sa monnaie nationale. »
Et il précise : « Si nous voulons revenir à une coexistence
pacifique et respectueuse en Europe et prendre l'auto-détermination des
peuples au sérieux, nous devons renoncer à l'idéologie euro-européenne.
Une union monétaire ne peut survivre que si elle profite à l'ensemble de
ses membres. »
Bien entendu, ces conseils de bon sens sont officiellement désapprouvés par les dirigeants européistes allemands.
Lors d'une rencontre à Berlin avec le président italien Giorgio
Napolitano, avant-hier jeudi 28 février, la Chancelière Angela Merkel a
ainsi « exprimé sa confiance dans le sens des responsabilités des forces politiques en Italie », selon le communiqué officiel diffusé après la rencontre des deux dirigeants.
Dans le même numéro de Focus que celui où M. Grillo a été interrogé, le
ministre allemand de l'Économie et vice-chancelier, M. Philipp Rösler,
en rajoute une louche en appelant, lui aussi, l'Italie à poursuivre sur
la voie engagée par le dernier chef de gouvernement Mario Monti.
Reste que, derrière toutes ces hypocrisies, nul n'ignore que le fameux
Mario Monti a subi une déroute électorale avec le score - ô combien
humiliant pour un chef de gouvernement sortant ! - 10% des suffrages. Le
pessimisme a d'ailleurs tellement gagné la BCE elle-même que, d'après
les rumeurs insistantes qui me sont parvenues, de plus en plus de
salariés de la BCE chercheraient à quitter Francfort pour se recaser
dans d'autres institutions, tandis qu'un plan de licenciement collectif
serait actuellement sérieusement à l'étude.
Au passage, qu'il soit permis de souligner ici à quel point les
événements se chargent d'eux-mêmes de ridiculiser l'actuel occupant de
l'Élysée, qui avait cru bon d'affirmer devant micros et caméras - le 10
décembre dernier à Oslo - que « la crise de la zone euro est derrière nous » !
CONCLUSION : LA MISE EN GARDE DE LA CHINE
Le président Barack Obama a signé hier, vendredi 1er mars, le décret
mettant en vigueur les coupes automatiques dans le budget de l'État
fédéral américain après l'échec d'une ultime réunion avec les chefs des
groupes parlementaires. Les dépenses publiques américaines seront donc
amputées de 85 milliards de dollars.
Il devrait en résulter rapidement un ralentissement de l'économie
américaine, et donc de la croissance du commerce mondial. Ce qui laisse
augurer d'une lutte encore plus âpre pour la préservation des positions
commerciales des grandes puissances commerciales, qui a toutes chances
de se traduire par une nouvelle "guerre des monnaies" sur les marchés
des changes.
La Chine, qui est évidemment l'un des pays les plus concernés par ces
évolutions, vient donc, ce 2 mars, de mettre les points sur les "i", par
la bouche de M.YI Gang, vice-gouverneur de la Banque Centrale de Chine.
Après avoir affirmé qu'une guerre des monnaies pourrait être évitée si
les décideurs des grands pays observaient le consensus atteint lors du
récent G20, selon lequel les politiques monétaires devaient avant tout
servir d'instrument aux économies nationales (et non à favoriser les
exportations), M. YI Gang a indiqué que la Chine est « tout-à-fait prête à une guerre des monnaies ».
Et M. YI a même précisé : « En termes à la fois de politique
monétaire et autres mécanismes, la Chine prendra complètement en compte
les politiques d'assouplissement quantitatif mises en place par les
banques centrales des pays étrangers. »
En clair : la Chine ne laissera pas sans réagir les Américains
ou les Japonais laisser baisser le dollar ou le yen sur les marchés des
changes, dans le but de favoriser leurs exportations. Dans un tel cas,
la Chine s'appliquera à faire baisser le yuan chinois à due proportion.
Et dans ce cas, il est simple de deviner qui sera, encore une
fois, le dindon de la farce : l'euro bien sûr puisque c'est la seule
monnaie mondiale qui n'ait aucun objectif de taux de change externe. (Je
rappelle que l'article 282 du TFUE ne fixe à la BCE comme objectif que
la lutte contre l'inflation et il est d'ailleurs impossible de fixer un
taux de change externe qui convienne aux différentes compétitivités des
différentes économies de la zone euro).
Conséquences à attendre ?
- 1°) En ce mois de mars 2013, tous les éléments se mettent donc en place pour annoncer un nouvel ouragan monétaire.
- 2°) Dirigée par une équipe gouvernementale profondément incompétente et esclave des décisions prises par l'oligarchie financière euro-atlantiste, la France ne peut que continuer à s'enfoncer dans le désastre.
Site Internet : http://www.u-p-r.fr/
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