Conjoncture
Au lendemain de l’intervention de François Hollande, les derniers chiffres de l’Insee tombent mal : le déficit public a été réduit moins que prévu en 2012, et que la dette publique a continué à augmenter, dépassant désormais les 90% du PIB – un record.
C’était un engagement du gouvernement auprès de ses partenaires européens : ramener le déficit public
de la France de 5,3% à 4,5% du produit intérieur brut en 2012 – en
attendant de passer sous les 3,7% du PIB fin 2013. Il n’a pas été tenu.
En dépit des efforts réalisés, les chiffres de l’Insee annoncés vendredi matin
montrent que le déficit n’est pas descendu en-deçà des 4,8%. La dette
publique a, elle, continué d’exploser atteignant fin 2012 un nouveau
record à 90,2% du PIB, plus que les 89,9% prévus par le gouvernement. Ce qui représente 1833,8 milliards d’euros… Elle s’élevait à 85,8% en 2011.
Cette mauvaise surprise révélée par la publication
des comptes nationaux avait été précédée d’un aveu du gouvernement : il
avait admis que le déficit pourrait atteindre 4,6% du PIB au lieu de
4,5% si l’institut européen de statistiques décidait d’y intégrer le
dernier plan d’aide à la banque Dexia. Ce qu’il a fait.
Reste que le chiffre de 4,8% vient miner un peu plus les efforts de la
France auprès des instances européennes pour crédibiliser sa lutte pour
la maîtrise des déficits publics. Le gouvernement a déjà reconnu qu’il
ne parviendrait pas à réduire le déficit à 3% du PIB fin 2013, en raison
d’une croissance économique atone, et plaide auprès de la
Commission européenne pour obtenir un délai d’un an pour y parvenir. Le
commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a ouvert
la porte à un tel délai, à condition que le déficit soit ramené
nettement sous les 3% fin 2014.
Ce que prévoit la Commission européenne
La nouvelle trajectoire des finances publiques pour
les prochaines années sera dévoilée dans les prochaines semaines par le
gouvernement dans le cadre de son programme de stabilité. La Commission
européenne prévoit que le déficit de la France atteindra 3,7% du PIB fin
2013 puis 3,9% fin 2014 si aucune nouvelle mesure n’est prise. La dette
atteindrait selon elle 93,4% du PIB fin 2013 et 95,0% fin 2014,
toujours à législation inchangée.
Les chiffres de l’Insee
montrent aussi que, depuis les années 90, le poids de la dette publique
a presque doublé (voir graphique ci-dessous). Et ils permettent de
détailler comment se répartit le déficit public au cours de l’année
écoulée.
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Dette au sens de Maastricht des administrations publiques en point de PIB (Insee – mars 2013) |
Le déficit public, qui agrège les comptes de l’Etat,
des collectivités locales et des administrations de sécurité sociale,
s’était établi à 5,3% du PIB en 2011, et la dette publique à 85,8%. L’an
dernier, le taux de prélèvements obligatoires a augmenté de 1,2 point à
44,9% du PIB, sous l’effet de la hausse des impôts (+5,3%). Les
dépenses ont progressé de 2,9%, après +2,1% en 2011 et les recettes ont
augmenté de 3,9%, après +5,7% en 2011. La réduction du déficit public
par rapport à 2011 est essentiellement liée à l’Etat (-7,7 milliards
d’euros), tandis que le déficit des administrations de sécurité sociale
baisse de 0,8 milliard et celui des administrations locales progresse
à 3,1 milliards contre 1,5 milliard en 2011.
Quant à la dette, elle a progressé de 116,9 milliards
d’euros l’an dernier après +121,9 milliards en 2011. La contribution de
l’Etat à la dette a augmenté de 104,6 milliards, une variation plus
importante que le déficit. Selon l’Insee, cette différence résulte des
prêts accordés via le Fonds européen de stabilité financière (+27,1
milliards) et de l’apport de capital au Mécanisme européen de stabilité
(6,5 milliards). La dette des organismes divers d’administration
centrale s’établit à 9,9 milliards fin 2012, en légère baisse
(-0,4 milliard) par rapport à fin 2011. La contribution des
administrations locales à la dette atteint 173,7 milliards fin 2012
contre 166,6 milliards fin 2011, une hausse de 7,1 milliards. La
contribution des administrations de sécurité sociale à la dette publique
a augmenté de 5,7 milliards d’euros pour s’établir à 210,3 milliards
fin 2012.
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