La Fed se trouve véritablement prise entre le marteau et l’enclume.
Elle ne peut pas éternellement poursuivre sa politique d’intérêt zéro,
ses achats de bons du Trésor américain à hauteur de 45 milliards et de
40 milliards de dollars de titres hypothécaires (MBS) chaque mois. Les
risques qu’une telle politique fait peser sur le système financier
mondial deviennent trop grands et augmentent chaque mois. Les bulles sur
les actifs boursiers ou immobiliers découlent directement de la
création monétaire à outrance de la Fed.
En 2013, le total du bilan de la Fed va déjà passer de 3 100
milliards de dollars à plus de 4 000 milliards de dollars. A ce train,
le total atteindra 6 000 milliards de dollars en 2016.
La réponse de la banque centrale consistant à dire qu’elle peut
arrêter le programme d’assouplissement quantitatif à tout moment est de
moins en moins crédible. Qui, dans cette éventualité, financera le
nouveau déficit budgétaire?
La Fed ne peut pas plus céder les obligations qu’elle détient déjà ni
réduire son portefeuille en limitant ses futurs investissements
obligataires car qui, dans ce cas, assurera les refinancements ?
Au fil des achats, la Fed est devenue le plus grand créancier du
gouvernement américain devant la Chine et le Japon. Le QE n’est pas
aussi inoffensif qu’il y paraît. Financer les dépenses publiques en
faisant tourner la planche à billets de la banque centrale c’est, à coup
sûr, courir au désastre.
La politique d’intérêt zéro n’a donné aucune impulsion à la
conjoncture. Si la faible croissance du PIB perdure, comme cela est
probable, les marchés vont finir par comprendre que le QE est inefficace
et la confiance dans la politique de la Fed va encore diminuer.
D’après l’US Economic Cycle Research Institute, les Etats-Unis sont
déjà à nouveau en récession. L’argent du QE n’alimente pas l’économie
réelle mais les marchés financiers, faisant croître le risque d’une
prochaine bulle.
Les rendements à 10 ans, au plus bas, ne sont plus conformes au
marché et ne sont que le résultat de la politique monétaire de la Fed.
La moindre hausse déclenchera la prochaine crise financière.
Dans cette perspective, il ne faut pas non plus oublier, qu’aux
Etats-Unis, il y a encore 297 500 milliards de dollars de dérivés sur
les marchés.
Conclusion : le véritable test pour la Fed – la
sortie de la politique monétaire ultra-expansive – est pour bientôt. La
possibilité pour la Fed de manipuler l’économie va se restreindre. Le
test va être si difficile à maîtriser qu’on peut même craindre de fortes
pertes en valeur pour les porteurs d’obligations américaines. La
liquidité est la carte maîtresse !
Dr. Eberhardt Unger est un économiste indépendant, fort de plus de 30 ans d’expérience des marchés et de l’économie. Vous pouvez retrouver ses analyses sur le site www.fairesearch.de
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