jeudi 25 avril 2013

Changer de politique : un impératif de survie

La politique de déflation enfonce l’Europe dans le marasme. Seule alternative : la solidarité financière ou la création monétaire.
La France et la zone euro s’enfoncent chaque jour davantage dans le marasme économique, créant une crise sociale et politique qui remet en question l’idée même d’Europe dans l’opinion publique. De plus, la zone euro, entrée en récession, tire en grande partie l’économie mondiale vers le bas.
Cette situation est le résultat direct de la politique monétaire et économique de déflation imposée par Bruxelles, la Banque centrale européenne (BCE) et l’Allemagne, politique fondée sur la théorie libérale selon laquelle il convient de réduire la dépense publique, baisser substantiellement les salaires, les retraites, les prestations pour rétablir les comptes publics. C’est la politique que Pierre Laval a conduite avant guerre et qui a accéléré la crise de 1929 et conduit la France au désastre.

Les causes de la crise sont d’abord structurelles et idéologiques. La monnaie unique est à la source de la crise, en raison de la très grande hétérogénéité des économies de la zone : il est impossible de mener une politique de change cohérente entre un pays marchand de canons et un pays vendeur d’olives… Il en résulte que les déficits budgétaires de la plupart des pays de la zone euro ne sont pas la cause mais la conséquence de leur perte de compétitivité. Ils sont étranglés par une monnaie surévaluée et une politique monétaire qui relève de la quadrature du cercle.
Les causes sont aussi idéologiques, car la BCE est “bridée” dans son action par les règles imposées par le traité, défendues bec et ongles par une Allemagne dogmatique. La BCE ne s’occupe que du taux d’inflation, du financement des banques en dernier ressort mais s’interdit d’aider directement les États et l’économie réelle, à la différence de la Fed ou de la Banque d’Angleterre, sans mentionner la Chine ou les pays émergents.
Dans ce cadre contraint, il ne se présente aucun espoir de pouvoir sortir de la crise économique. La politique de déflation va continuer à provoquer la montée du chômage, aujourd’hui à 12 % dans la zone euro, et la baisse des activités. La crise sociale et politique est le fruit amer de ces choix désastreux.
Oui, il faut changer radicalement de politique — et certains ministres ont raison de le dire. Certes, il ne s’agit pas d’ouvrir les vannes de la dépense publique. Ce ne sont pas des dépenses de fonctionnement qu’il faut engager mais des économies grâce à des réformes structurelles. Il faut, aussi et surtout, accroître massivement les investissements.
Dans l’état actuel des choses, il est impossible pour les États de s’endetter. En revanche, il est impératif que le système des banques centrales finance directement les États dans leurs investissements, même si cela est contraire aux traités, lesquels ne valent que rebus sic stantibus, c’est-à-dire dans les conditions dans lesquelles ils ont été conclus ! Ces conditions sont autres et la première mission du politique est de prendre en compte la réalité pour s’adapter à la nouvelle donne et agir. À défaut, on subit !
L’Allemagne doit recycler ses surplus commerciaux dans la zone euro en acceptant de subventionner les plus faibles. Toute union monétaire calée sur des économies divergentes se transforme tôt ou tard en union de transferts, c’est la loi d’airain économique d’une zone à monnaie unique. La création monétaire est la seule autre voie possible, la BCE créant de la monnaie pour relancer les investissements et la croissance.
Il s’agit de la seule alternative crédible, ou alors tout le système de l’euro implose, et l’on revient à des monnaies nationales adaptées, avec une dévaluation pour retrouver la compétitivité qui, pour la France, sera d’au moins 25 à 30 %. Les jours de la zone euro sont comptés, c’est là une évidence. Seuls les euro-naïfs pensent encore prétendre le contraire. Il est urgent de concevoir en toute responsabilité une autre politique, avec ou sans l’euro, pour éviter le désastre annoncé. L’euro n’est pas l’Europe, il est simplement sa perte.

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