Alors que le taux de chômage et le nombre
de chômeurs ne font qu’augmenter dans la Zone Euro, l’Allemagne tire
plutôt bien son épingle du jeu avec, en février de cette année, un taux
de chômage de 5,4%.
Et le taux de chômage de l’Allemagne ne fait que diminuer depuis
des années ; fin 2011, il était à presque 7% pour diminuer encore et
afficher un insolent 5,4% en 2013.
Alors extrêmement bas le chômage allemand ? Est-ce cela le «miracle économique allemand» ? Oui mais… a-t-on envie de dire.
Que se cache-t-il derrière ces chiffres: une économie à nouveau florissante, un exemple à suivre ou un système social quelque peu défavorable aux sans-emplois ?
Que se cache-t-il derrière ces chiffres: une économie à nouveau florissante, un exemple à suivre ou un système social quelque peu défavorable aux sans-emplois ?
Pour comprendre, il faut remonter quelques années en arrière, au
début des années 2000. Le gouvernement allemand a voulu s’attaquer au
«chômage volontaire» et donc mettre en place un système qui «oblige» le
chômeur à chercher, mais surtout à trouver, du travail, sous peine de se
voir refuser le versement des allocations de chômage.
Une série de réformes, pour le moins «musclées», ont été prises par
le Chancelier socialiste Schröder, secondé dans cette tâche par Peter
Hartz, qui n’est autre que le directeur des ressources humaines de
Volkswagen. De 2003 à 2005, les lois Hartz ont fait leur entrée en
Allemagne.
Ce qui a changé…
Tout d’abord la durée pendant laquelle le chômeur peut percevoir
l’«Arbeitsolsengeld I», c’est-à-dire l’indemnité de chômage, celle-ci
est rabotée : de 32 mois, elle est passée à 12 mois.
Après ces 12 mois, le chômeur est considéré comme un chômeur de longue durée et percevra l’«Arbeitslosengeld II», une sorte de revenu minimum d’insertion ou de survie, qui tourne lui aux alentours des 360-370 euros.
Après ces 12 mois, le chômeur est considéré comme un chômeur de longue durée et percevra l’«Arbeitslosengeld II», une sorte de revenu minimum d’insertion ou de survie, qui tourne lui aux alentours des 360-370 euros.
Bien évidemment, impossible pour le chercheur d’emploi de ne pas se
rendre à un rendez-vous de travail fixé par l’Onem allemand
(Bundesagentur für Arbeit) ou refuser un emploi qui lui serait proposé
(et ce, n’importe où dans le pays), car les sanctions tombent alors!
Un rendez-vous manqué, ou un retard, avec les centres pour l’emploi ; c’est 10% d’indemnités en moins.
En cas de récidive, c’est 60% de pénalité, voire carrément le retrait total du minimum de survie. Plutôt dissuasif…
Un rendez-vous manqué, ou un retard, avec les centres pour l’emploi ; c’est 10% d’indemnités en moins.
En cas de récidive, c’est 60% de pénalité, voire carrément le retrait total du minimum de survie. Plutôt dissuasif…
Mini-jobs et 1 euro-jobs
Peter Hartz, «Doktor Hartz» ainsi appelé par toute l’Allemagne, a
également instauré dans cette réforme deux nouveautés : les mini-jobs et
les 1 euro-jobs.
Un mini-job est un travail payés 400-450 euros par mois, sans
cotisation et donc sans assurance. Du coup, bon nombre d’employeurs ont
massivement recours à ce type de contrat, qui leur permet de payer moins
de charges sociales que pour un contrat d'emploi traditionnel. Selon
les statistiques, plus de 7 millions d’Allemands auraient un mini-job ;
un tiers d’entre eux le couplerait même avec un travail à temps plein
afin de joindre les deux bouts. Ces contrats sont également accusés
d'alimenter une "bombe à retardement" en condamnant les salariés,
employés trop longtemps sous ce dispositif, à des retraites dérisoires
et donc à la précarité une fois l’heure de la retraite sonnée.
Enfin, si dans un premier temps les Mini-jobs ont été créés pour permettre au chômeur de remettre un pied à l’étrier du marché de l’emploi, force est de constater que ceux-ci ne constituent que rarement un tremplin vers un contrat « classique » et que les travailleurs s’y embourbent quelque peu.
Enfin, si dans un premier temps les Mini-jobs ont été créés pour permettre au chômeur de remettre un pied à l’étrier du marché de l’emploi, force est de constater que ceux-ci ne constituent que rarement un tremplin vers un contrat « classique » et que les travailleurs s’y embourbent quelque peu.
Les 1 euro-jobs sont tout aussi redoutés sinon plus… car là aussi, il
est indispensable d’accepter le travail proposé si on ne veut pas
perdre son droit aux allocations de chômage. Un 1 euro-job, c’est un
travail, payé 1 euro de l’heure (parfois deux à l’heure actuelle), dans
le secteur public ou dans le caritatif.
Il est à noter que si les chiffres du chômage allemand ont
effectivement fortement baissé suite aux réformes Hartz, ces fameux
chiffres ne reprennent que les chômeurs touchant l’ «Arbeitsolsengeld I»
et ne tiennent pas compte des mini-jobber ou des 1 euro-jobbers qui ne
sont plus considéré comme «chômeurs».
Jusqu’il y a peu, les Allemands disaient «Arbeiten» pour définir le
fait de travailler, maintenant ils ont un nouveau verbe : «Hartzen», qui
désigne lui le fait de vivre modestement, de divers petits boulots ou
bien d’allocations…
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