La politique de déflation enfonce l’Europe dans le marasme.
Seule alternative : la solidarité financière ou la création monétaire.
La
France et la zone euro s’enfoncent chaque jour davantage dans le
marasme économique, créant une crise sociale et politique qui remet en
question l’idée même d’Europe dans l’opinion publique. De plus, la zone
euro, entrée en récession, tire en grande partie l’économie mondiale
vers le bas.
Cette situation est le résultat direct de la
politique monétaire et économique de déflation imposée par Bruxelles, la
Banque centrale européenne (BCE) et l’Allemagne, politique fondée sur
la théorie libérale selon laquelle il convient de réduire la dépense
publique, baisser substantiellement les salaires, les retraites, les
prestations pour rétablir les comptes publics. C’est la politique que
Pierre Laval a conduite avant guerre et qui a accéléré la crise de 1929
et conduit la France au désastre.
Les causes de la crise sont
d’abord structurelles et idéologiques. La monnaie unique est à la source
de la crise, en raison de la très grande hétérogénéité des économies de
la zone : il est impossible de mener une politique de change cohérente
entre un pays marchand de canons et un pays vendeur d’olives… Il en
résulte que les déficits budgétaires de la plupart des pays de la zone
euro ne sont pas la cause mais la conséquence de leur perte de
compétitivité. Ils sont étranglés par une monnaie surévaluée et une
politique monétaire qui relève de la quadrature du cercle.
Les
causes sont aussi idéologiques, car la BCE est “bridée” dans son action
par les règles imposées par le traité, défendues bec et ongles par une
Allemagne dogmatique. La BCE ne s’occupe que du taux d’inflation, du
financement des banques en dernier ressort mais s’interdit d’aider
directement les États et l’économie réelle, à la différence de la Fed ou
de la Banque d’Angleterre, sans mentionner la Chine ou les pays
émergents.
Dans ce cadre contraint, il ne se présente aucun espoir
de pouvoir sortir de la crise économique. La politique de déflation va
continuer à provoquer la montée du chômage, aujourd’hui à 12 % dans la
zone euro, et la baisse des activités. La crise sociale et politique est
le fruit amer de ces choix désastreux.
Oui, il faut changer
radicalement de politique — et certains ministres ont raison de le dire.
Certes, il ne s’agit pas d’ouvrir les vannes de la dépense publique. Ce
ne sont pas des dépenses de fonctionnement qu’il faut engager mais des
économies grâce à des réformes structurelles. Il faut, aussi et surtout,
accroître massivement les investissements.
Dans l’état actuel des
choses, il est impossible pour les États de s’endetter. En revanche, il
est impératif que le système des banques centrales finance directement
les États dans leurs investissements, même si cela est contraire aux
traités, lesquels ne valent que rebus sic stantibus, c’est-à-dire
dans les conditions dans lesquelles ils ont été conclus ! Ces
conditions sont autres et la première mission du politique est de
prendre en compte la réalité pour s’adapter à la nouvelle donne et agir.
À défaut, on subit !
L’Allemagne doit recycler ses surplus
commerciaux dans la zone euro en acceptant de subventionner les plus
faibles. Toute union monétaire calée sur des économies divergentes se
transforme tôt ou tard en union de transferts, c’est la loi d’airain
économique d’une zone à monnaie unique. La création monétaire est la
seule autre voie possible, la BCE créant de la monnaie pour relancer les
investissements et la croissance.
Il s’agit de la seule
alternative crédible, ou alors tout le système de l’euro implose, et
l’on revient à des monnaies nationales adaptées, avec une dévaluation
pour retrouver la compétitivité qui, pour la France, sera d’au moins 25 à
30 %. Les jours de la zone euro sont comptés, c’est là une évidence.
Seuls les euro-naïfs pensent encore prétendre le contraire. Il est
urgent de concevoir en toute responsabilité une autre politique, avec ou
sans l’euro, pour éviter le désastre annoncé. L’euro n’est pas
l’Europe, il est simplement sa perte.
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